Romans et Essais de Pierre Voyer

Fabula Fibulae

En 996, à Elbing, chez les Vikings, un forgeron fabrique une magnifique fibule. Cette agrafe servant à tenir un vêtement et qui représente une sorte de louve couchée dans les hautes herbes nous entraîne dans une aventure à travers les âges. Car cette fameuse fibule, désormais sectionnée en deux parties, devient témoin de vies et de destins en divers coins du monde. Ainsi le roman se divise en deux trames temporelles parfaitement entremêlées, de 996 à 1616 puis de 1946 à 1991, des Vikings jusqu'à nous.

Voici une fable magique, où il s'agit de retrouver un complément parfait unissant le passé et le présent, en l'inventant comme la mémoire reconstruit le passé. Et puisque les objets vivent plus longtemps que les hommes qui croient les posséder, il est juste d'appeler à la barre un vieux bijou brisé où se fondent en une même épopée rêvée la jeunesse d'alors et celle d'aujourd'hui. Tout cela raconté à même l'histoire des Vikings, ces ancêtres lointains des nombreux Québécois d'origine normande: ce qui ajoute un accent nordique au latin de cuisine du titre de ce roman.

Les Enfants parfaits

Laval, un bel adolescent surdoué découvre qu'il est un enfant adoptif. Il décide, avec un ami, de retrouver ses vrais parents...Mais d'où vient-il? D'où viennent ces enfants dont l'apparition soudaine a bousculé le «marché» de l'adoption? Quel rapport y a-t-il entre ces «enfants parfaits» et la disparition de nombreux jeunes gens (un athlète à Montréal, une secrétaire médicale à Libreville, un horticulteur à Amsterdam et une comédienne à Tokyo)?

Que veux Noëmie von Klapp à cet adolescent? Que vont faire à Verlorelei les jeunes gens enlevés? Et comment pourront survivre à Bangkok ces enfants dont le seul espoir est d'être adopté par une famille américaine?...On commence à peine à connaître la manipulation génétique...faudrait-il déjà prévoir les effets de la libération des enfants?

Un roman futuriste dans lequel l'imaginaire prend des allures de prophétie. L'auteur, tout en se situant dans la lignée des «visionnaires», rejoint les grands inventeurs. Son écriture cisèle avec patience et ardeur des personnages nouveaux et saisissants.

Yves Dubé, 1987

Le Rock et le Rôle

On dit que la musique adoucit les moeurs. Pourquoi le rock donne-t-il cours à tant de violence? A-t-il cessé d'être musique pour ne devenir qu'un théâtre tampon où la société bourgeoise permet aux jeunes exaltés de se défouler sans la compromettre? Ce conflit des générations est aussi vieux que la société paternaliste et, comme le Phénix, il renaît de ses cendres.

Le rock n'est peut-être qu'une prière électrique entonnée par les adolescents du monde entier pour obtenir, une fois pour toutes, la «sainte paix» et la libération des contraintes sociales qui tentent d'orienter les jeunes vers des rôles traditionnels, des rôles imposés de force par des automatismes non repensés, des rôles souvent sans relation avec la volonté d'amour qui les anime, des rôles qu'ils refusent sans s'apercevoir que le commerce de la musique récupère à mesure leur refus.

Et l'étincelle revient toujours: de Chuck Berry à Corbeau, un même cri nous donne le goût de continuer. C'est à une espèce d'union à l'intérieur d'un nouveau «corps mystique» que sont conviés les rockers de tous les pays.